Après des études en sciences politiques, j’ai effectué un master in management en économie à l
’Université Fabra Pompeu puis un Ph.D en management à l’
Université Bocconi. J’ai ensuite rejoint en 2011 l’École de commerce et d'économie catholique de Lisbonne au Portugal en tant que professeur assistant puis professeur associé. En 2021, j’ai rejoint le
département management de l’ESSEC Business School où je continue mes travaux de recherche et où j’ai le plaisir d’enseigner l’innovation et l’entrepreneuriat aux étudiants de la Grande Ecole, du Global MBA et bien d’autres.
Je suis également rédacteur en chef adjoint de la revue
Management Science and of the Strategic Management Journal.
Mon parcours est riche et varié avec un élément fort qui lie mes différentes expériences : mon intérêt pour les institutions.
Mon objectif a depuis le début été de comprendre le rôle et la place de ces dernières que je définis comme les règles du jeu que nous devons suivre sous peine d’avoir des pénalités. Mes recherches portent principalement sur la façon dont les institutions peuvent affecter l'innovation, l'entrepreneuriat et, plus largement, le comportement économique des individus et des organisations.
Les institutions peuvent être de plusieurs formes : des régulations, des lois ou encore des institutions formelles comme les Etats et informelles comme la culture par exemple.
Je m'intéresse ainsi à la manière dont les institutions façonnent les comportements et en particulier sur le plan de l’innovation et de l’entrepreneuriat. Par exemple, l’une des questions que je me pose est quels types d’institutions sont les mieux placés pour promouvoir l’innovation et l’entrepreneuriat tout en regardant les conséquences inattendues de ces institutions.
Parfois vous rédigez une loi en pensant qu’elle n’aura aucun effet sur l'innovation ou l'entrepreneuriat alors que ce ne sera en fait pas le cas. Par exemple,
dans une recherche récente, nous nous sommes concentrés sur l’effet des lois sur l'emploi en matière de discrimination LGBT. Ces lois devraient en principe réduire de manière significative les discriminations faites à la minorité LGBT. Nous sommes donc allés regarder leur application au sein des entreprises et étudier leurs conséquences. Nous avons ainsi constaté que ces lois ont également eu un effet sur l’entrepreneuriat. En effet, si un salarié se sent heureux sur son lieu de travail et que son employeur ne le discrimine pas en tant que minorité, il sera moins enclin à fonder son entreprise. C’est assez naturel. Cela a également un impact sur la qualité de l’entrepreneuriat. Les salariés ne quitteront leur entreprise pour fonder la leur que s'ils ont une bonne idée, une idée de qualité. Ils ne prendront pas le risque de perdre un emploi où ils se sentent bien pour se lancer. Donc ce type de loi va tendre à faire diminuer la quantité de projets entrepreneuriaux et leur qualité.
Je vais continuer à travailler sur les institutions et leur impact sur l’innovation et l’entrepreneuriat. Je vais également m’intéresser aux institutions informelles comme les normes sociales que nous devons suivre ou la culture qui n’agissent pas comme des lois ou des obligations mais qui ont un poids fort. Je travaille ainsi avec des sociologues pour explorer un peu plus les interactions entre les deux types d’institutions : formelles et informelles.
J'ai travaillé récemment pour comprendre un peu mieux le fondement culturel de la protection des
droits de propriété intellectuelle (DPI). Nous savons que ces DPI peuvent être utiles, car ils sont essentiellement basés sur l'innovation incitative. J'innove davantage parce que je peux tirer profit de mon innovation et je serai la seule personne à pouvoir utiliser cette innovation. Cependant, cette compréhension économique de base ne suffit pas à expliquer pourquoi nous avons beaucoup d'hétérogénéité entre les pays où cette institution est en vigueur. Cela semble venir de la culture. Certaines croyances culturelles expliquent les comportements sceptiques vis-à-vis des DPI et d’autres institutions formelles et informelles.
D’autre part, d’un point de vue méthodologique, j’aimerais aussi déplacer mes recherches vers de l'expérimentation sur le terrain. Je travaille généralement avec des données que je collecte sur des bases de données publiques accessibles à tous. C'est une forme de méthodologie traditionnelle que j'essaie de compléter avec des expérimentations. L’objectif est de confronter ce que nous observons dans les données publiques avec ce que nous observons au moment de l’expérience. Le problème traditionnel de l'expérimentation est que vous le faites dans un laboratoire, donc dans une zone contrôlée. Je voudrais ainsi pouvoir mener quelques expérimentations sur le terrain en allant dans une entreprise ou une institution.
C’est un élément important pour moi. Mon objectif est que les décideurs politiques et les managers réfléchissent aux conséquences de certaines prises de décision sur l’innovation et l’entrepreneuriat.
J’ai ainsi réfléchi et étudié ce que les décideurs politiques pourraient faire pour augmenter la place des femmes dans le monde du travail parce qu'il existe un écart entre les sexes. Par exemple, les femmes sont moins nombreuses à entreprendre et à créer des start-ups. Il existe également un écart parmi les salariés d’une entreprise.
L'une des raisons que nous avançons est que les managers et
fondateurs de start-ups sont sceptiques à l'idée d'employer des femmes car ils voient une inadéquation avec l'entrepreneuriat et ils veulent les tester. Il peut donc être préférable que le marché du travail soit plus flexible et plus particulièrement pour les start-up. Il pourrait être intéressant de leur donner l'opportunité d'expérimenter et de tester un profil avant de l’employer.
J’espère que mes recherches auront un impact et pourront améliorer la condition des personnes et surtout mettront en avant les institutions qui travaillent en ce sens et qui devraient être valorisées.
Pour en savoir plus sur les recherches de Raffaele Conti