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Publié le 24 octobre 2025 Mis à jour le 24 octobre 2025

ATANET : Une étude pionnière sur les formations géologiques du Maghreb

Schéma Rémi Leprêtre
Schéma Rémi Leprêtre - Relation terrain-modèle avec le contact entre sel et formations sédimentaires déformées dans le Haut Atlas Central (Maroc) - © Rémi Leprêtre

Rémi Leprêtre, maître de conférence à CY Cergy Paris Université, est porteur d'ATANET, un projet sur le système géologique de l’Atlas marocain et les attributs de ses réservoirs.

CY Initiative : Pourriez-vous vous présenter et nous en dire plus sur votre carrière et vos grandes thématiques de recherche ?

Rémi Leprêtre : Je suis un transfuge de la biologie à la géologie, ayant réalisé ma thèse sur le nord-ouest du Maghreb, principalement sur les mouvements de la région saharienne du Maroc. Mon travail portait sur la quantification des déplacements verticaux dans des zones sans relief sur des millions d'années. Il est difficile de quantifier ces mouvements sur des périodes aussi longues, allant de 100 à 300 millions d'années. Cette thèse m'a permis de découvrir et d’orienter mes recherches sur la géologie nord-africaine et en particulier maghrébine. Après ma thèse et dans la continuité, j'ai effectué un post-doctorat en partenariat avec Total, ce qui m'a permis d'élargir mes connaissances sur le système géologique nord-maghrébin, notamment à travers l'étude des chaînes de montagnes comme l'Atlas. L’objectif était de faire une mise à jour des connaissances sur ces chaines de montagnes et cela nous a ouvert d’autres champs de recherche et de sujets à creuser. À la suite de mon post-doc, j’ai été recruté à CY Cergy Paris Université où je continue à travailler sur mes thématiques nord-africaines. J’ai également travaillé sur un thermomètre géologique qui est encore en cours de développement. 

CY Initiative : Vous avez été lauréat de l’appel à projets 2024 de CY Initiative. Sur quel sujet porte ce projet ?

Rémi Leprêtre : Le projet que nous avons soumis porte sur l'étude des formations géologiques dans l'Atlas marocain, en particulier sur la compréhension des mouvements de sel en profondeur et leur impact sur la géométrie des zones déformées.  Avec mon collègue Philippe Robion, géophysicien spécialiste des réservoirs, nous avons ainsi décidé de joindre nos deux expertises pour travailler sur ce sujet. Les objets au Maghreb et en particulier dans l'Atlas sont bien connus et sont étudiés depuis un siècle au moins. Mais certaines zones d’ombre persistent notamment en lien avec à la présence de sel comme roche dans les profondeurs. Ce sel a une particularité : même si on appelle cela une roche, ce sel se déplace beaucoup plus vite que les autres roches. Il se comporte presque comme de la pâte à modeler mais une pâte à modeler qui serait très légère donc en appuyant dessus il va avoir tendance à remonter vers la surface et à déformer tout ce qui est au-dessus. Cette propriété du sel, présente dans de nombreuses zones méditerranéennes, influence directement l'architecture et la géométrie des zones déformées par ce sel et former des réservoirs.  
Ces géométries peuvent devenir intéressantes car elles offrent de possibles zones de stockage d’hydrocarbures ce qui a déjà été étudié pendant des dizaines d'années. En effet, ces géométries mettent en place des   pièges imperméables. Et en conséquence, elles peuvent aussi servir à stocker d'autres ressources comme du CO2. 
Pour ce faire, nous avons intégré des collègues de Bordeaux qui ont une expertise dans la géologie de l'Afrique du Nord, et nous travaillons également avec des collègues tunisiens pour élargir notre étude à d'autres zones géographiques. Nous espérons que ce projet renforcera les collaborations scientifiques entre la France et le Maghreb et contribuera à la formation de nouvelles générations de chercheurs dans la région. 

CY Initiative : Concrètement, comment va se déployer ce projet ?

Rémi Leprêtre : Le projet est structuré sur quatre ans, avec un doctorant qui a été recruté récemment et qui commencera en octobre. Nous allons commencer par le Maroc car c’est le chantier le mieux contrôlé et celui où on sait ce que l’on va aller observer grâce à l’état de l’art. C’est une zone géographique connue pour laquelle nous disposons de nombreuses données et la littérature scientifique est abondante. La première année sera dédiée à l'exploration et à la mise en place d'une base de données sur les formations géologiques.
 Nous avons ensuite prévu des missions de terrain au Maroc pour effectuer des observations et collecter des données. On commencera par une première mission avant l’hiver puis une au printemps.
Le projet repose sur la confrontation entre l’étude de la zone au Maroc avec une étude de la chaîne Atlas en Tunisie. Cette zone est aujourd’hui beaucoup moins bien documentée et la littérature scientifique est moins précise. Pour ce faire nous avons intégré des collègues tunisiens au projet. Ils seront un vrai plus sur le travail préliminaire qui nous permettra d’identifier les objets à étudier.  C’est la force et l’objectif de ce projet :  créer des collaborations et des liens étroits avec des chercheurs de la région qui dureront bien au-delà du projet.

CY Initiative : Pourquoi avoir candidaté à cet appel à projets ?

Rémi Leprêtre : Ce n’est pas le premier appel à projets que je fais avec CY Initiative. J’ai pu profiter d’un financement il y a quelques années pour lancer le projet du thermomètre géologique. Quand ce projet a émergé, avec mon collègue Philippe Robion, nous avons choisi de candidater à cet appel à projets afin de pouvoir lancer une exploration sur le terrain grâce au doctorant qui va nous rejoindre. De plus, cet appel nous permet de collaborer avec des laboratoires extérieurs, ce qui était essentiel pour le développement de notre recherche.


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