le 19 mai 2025
  • The Conversation

Publié le 20 mai 2025 Mis à jour le 23 mai 2025

Paradoxe de l’indice de durabilité, les écolos remplacent plus fréquemment leurs produits

L’obsolescence perçue des objets, ou le fait de remplacer un produit qui marche encore, concerne notamment les éco-consommateurs.
L’obsolescence perçue des objets, ou le fait de remplacer un produit qui marche encore, concerne notamment les éco-consommateurs. - L’obsolescence perçue des objets, ou le fait de remplacer un produit qui marche encore, concerne notamment les éco-consommateurs. - © RDNE Stock project via Pexels

Le 8 avril dernier, l’indice de réparabilité laissait place à l’indice de durabilité. Pourtant, les consommateurs sensibles à l’environnement – écoconsuméristes – ont tendance à remplacer leur produit plus fréquemment que la moyenne. Alors, comment expliquer cette contradiction ?

Emmanuelle Le Nagard, professeure de marketing (ESSEC)
Gisele de Campos Ribeiro, professeure associée (PSB Paris School of Business)
Valérie Guillard, professeure des universités en sciences de gestion (Université Paris Dauphine – PSL)

Annoncé par le gouvernement en 2024, l’indice de durabilité entre en vigueur en France en 2025 pour deux catégories de produits. C’est déjà le cas pour les téléviseurs depuis le 8 janvier, et le 8 avril, les lave-linges. En affichant une note sur dix, cet indice informe les consommateurs sur le caractère plus ou moins durable des produits concernés.

Stimulées par des innovations constantes, des lancements fréquents de nouvelles versions ou des designs plus attractifs, la majorité des ventes de biens durables sont désormais des ventes de remplacement. Parmi ces biens de consommation destinés à offrir des services utiles à un consommateur, par une utilisation répétée, sur une période prolongée, une bonne partie remplace des produits qui fonctionnent encore. La période d’utilisation d’un bien durable est devenue un enjeu majeur de la consommation durable. Plus elle est courte, plus le problème des ressources nécessaires pour leur production et celui de la gestion des déchets sont importants.

Les raisons qui poussent les consommateurs à remplacer des objets qui remplissent encore leur fonction première (c’est-à-dire la plus importante) ne sont pas encore claires. Afin d’y répondre, nous avons dans une recherche récente menée auprès de 948 consommateurs, étudié le concept d’obsolescence perçue des objets, ou le fait de remplacer un produit qui marche encore. Alors pourquoi ce paradoxe ?

Éco-consuméristes

En ce qui regarde l’obsolescence perçue des produits, nous avons identifié cinq dimensions :
  • la dimension technologique "Il n’est pas aussi efficace que les derniers modèles" ;
  • la dimension esthétique "Je trouve ce design un peu vieillot" ;
  • la dimension environnementale "Ses performances environnementales ne sont pas bonnes" ;
  • la dimension sociale "J’ai un peu honte d’utiliser cet objet en présence d’autres personnes" ;
  • la dimension commerciale "Ce type d’objet est impossible à revendre".
Nous avons identifié trois profils de consommateurs, que nous avons baptisés les "éco-consuméristes", les "indifférents" et les "éco-modérés".

Suite à l’identification de ces trois profils, nous avons étudié leurs caractéristiques. Les "éco-consuméristes" sont ceux qui se déclarent les plus sensibles à l’environnement, avec un score de 5,07 sur une échelle de 7 points, contre 3,87 pour les indifférents. Ils sont également ceux qui ont l’intention de renouveler leur produit (score de 4,99 contre 3,01), raccourcissant ainsi leur période d’utilisation. Ce groupe représente 30% de notre échantillon de 948 consommateurs.

Ces "éco-consuméristes" sont les plus innovateurs. Ils sont plus enclins à acheter les innovations, avec un score de 4,92 contre 3,32 pour le groupe des indifférents, les plus matérialistes (5,09 contre 3,96), et les plus sensibles aux jugements des autres (score de 4,46 contre 3,54). On y trouve également légèrement plus de femmes (58%, contre 53% pour les indifférents).

Lire la suite sur The Conversation

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons.


En savoir plus